Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog Littéraire

Tralilou Lit

Gloria Steinem, Ma vie sur la route, Mémoires d'une icône féministe, Harper Collins, 2019, traduction de Karine Lalechère

Gloria Steinem, Ma vie sur la route, Mémoires d'une icône féministe, Harper Collins, 2019, traduction de Karine Lalechère

A travers les mémoires d'une femme militante, "community orginizer", journaliste, écrivaine, figure de la lutte pour les droits des femmes et des droits civiques, plongez au cœur de l'Amérique d'hier et d'aujourd'hui.

Cinquante ans de route, de rencontres et de combats.

"Une ode à l'intranquillité qui nous pousse à partir à l'aventure, par celle qui écrivit : "Ne demandez pas aux femmes de s'adapter au monde — demandez au monde de s'adapter aux femmes."" (extrait du résumé de l'éditeur en 4e de couverture)

Le virus de la liberté à toujours été contagieux.

Gloria Steinem, Ma vie sur la route, Mémoires d'une icône féministe, Harper Collins

Il y a un monde entre ce qu'on croit voir de loin et ce qu'on découvre en s'approchant.

Gloria Steinem, Ma vie sur la route, Mémoires d'une icône féministe, Harper Collins

Ce livre est un gros gros coup de cœur.

Je l'avais repéré en regardant l'émission La Grande Librairie il y a quelques mois et j'avais hâte de le lire ... !

À travers ses mémoires et quelques photos, j'ai découvert Gloria Steinem : dans un premier temps, son enfance nomade, sa famille atypique, son père voyageur solitaire, sa mère dépressive. Puis dans un deuxième temps son voyage de deux ans en Inde qui l'a profondément bouleversée, ses débuts dans le journalisme, la création du magazine féministe Ms., sa profession de "community organizer itinérante" et l'écriture de ses livres.

Militante féministe mais aussi femme de tous les combats, elle a passé sa vie sur la route, été bénévole, organisé des cercles de paroles, fait des conférences, des débats, rencontré, écouté, partagé la parole des femmes. Mais pas seulement. Gloria était engagée dans d'autres grandes causes militantes : lutte contre le racisme et contre la guerre au Vietnam mais aussi soutien aux amérindiens et aux ouvriers agricoles en grève.

Tout au long de sa vie, elle a fait de nombreuses rencontres ; elles ont toutes été marquantes, l'ont enrichie et ont fait évoluer sa pensée et ses combats. Il y a des anonymes : elle partage avec nous ses échanges avec les taxi-men, les hôtesses de l'air (qu'on devrait appeler personnel naviguant), les prostituées, les (anciens) détenus notamment. Et les personnes célèbres (parfois oubliées), par exemple Margaret Sloan, poétesse féministe noire, Florence Kennedy, avocate des droits civiques, ou encore Bella Abzug et Gerda Lerner.

Un moment clé de son histoire personnelle et de l'histoire avec un grand H a été La Conférence des Femmes de 1977, à Houston où des milliers de femmes des États-Unis et d'autres pays se sont réunies pour échanger, débattre, faire des propositions, signer des textes.

Elle s'est aussi engagée politiquement, lors d'élections, à plusieurs reprises, notamment aux côtés d'Hillary Clinton. Cette expérience a été particulièrement difficile car celle-ci était face à Barack Obama, démocrate lui aussi. Les médias appuyaient alors sur les différences entre les deux candidats alors qu'ils avaient beaucoup en commun. Mais le pire, c'est la compétition qui s'est installée entre lutte contre le sexisme et lutte contre le racisme. Alors que les deux luttes étaient (et sont) pour Gloria liées l'une à l'autre. On parle aujourd'hui de féminisme intersectionnel.

Bref, j'ai adoré ce livre pour l'histoire de Gloria, ses souvenirs, ses anecdotes, ses échanges. Pour ce qu'elle nous fait découvrir ou redécouvrir de l'histoire américaine. Enfin, aussi, pour sa réflexion sur la liberté, le foyer et le nomadisme.

Pour en savoir plus sur cette femme extraordinaire et inspirante, je vous invite à faire un tour sur son site personnel.

Voilà la joie que j'éprouvais au temps de mon enfance vagabonde. Et je la ressens encore aujourd'hui, chaque fois que la route m'offre son plus beau cadeau : un moment de communion avec ceux qui m'entourent.

Gloria Steinem, Ma vie sur la route, Mémoires d'une icône féministe, Harper Collins

Quand le passé meurt, nous pleurons les morts. Quand l'avenir meurt, nous pleurons sur nous.

Gloria Steinem, Ma vie sur la route, Mémoires d'une icône féministe, Harper Collins

Il ne s'agit pas de compétition victimaire. Les systèmes de caste sexuels et raciaux sont interdépendants et ne pourront être éradiqués qu'ensemble.
[...]
Il est temps de briser toutes les barrières avec une fierté égale.

Gloria Steinem, Ma vie sur la route, Mémoires d'une icône féministe, Harper Collins

Sur la route, à force de tomber sur des scènes confinant à l'irrationnel, j'ai fini par comprendre pourquoi le rire était un signe distinctif des nomades [...]. Le rire est la seule émotion libre, la seule qui ne puisse être forcée.

Gloria Steinem, Ma vie sur la route, Mémoires d'une icône féministe, Harper Collins

Selon la sagesse amérindienne, il faut quatre générations pour cicatriser un acte de violence.

Gloria Steinem, Ma vie sur la route, Mémoires d'une icône féministe, Harper Collins

A présent qu'être sur la route était un choix, et non plus une fatalité, je ne me complaisais plus dans la mélancolie à l'idée que tout le monde avait un foyer, sauf moi. Je pouvais partir - parce que je pouvais rentrer. Je pouvais rentrer - parce que je savais que l'aventure m'attendait au coin de la rue.
[...]
Je peux partir, parce que j'ai une maison qui m'attend. Je peux rentrer parce que je suis libre de partir. C'est l'alternance qui donne toute sa saveur à chacun de ces modes de vie. Cet équilibre est à la fois très ancien et très moderne. Nous avons besoin des deux.

Gloria Steinem, Ma vie sur la route, Mémoires d'une icône féministe, Harper Collins

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article