Tiffany McDaniel, L'été où tout a fondu, Gallmeister, 2022

Nous sommes en 1984, à Breathed, dans l'Ohio, aux États-Unis.

Autopsy Bliss, procureur hanté par une erreur du passé, publie dans le journal une annonce dans laquelle il invite le diable.

Le lendemain, tandis que la chaleur de l'été arrive, un jeune garçon noir se présente comme le diable en personne à Fielding, le jeune fils Bliss.

Les Bliss sont étonnés, dubitatifs. Cet enfant en salopette, étrange mais gentil et poli, surnommé Sal, est accueilli et devient en quelques semaines un ami, un frère, un fils.

En ville, ce garçon noir, curieux, étranger, arrivé avec la chaleur infernale, est mauvais signe. Quand des événements malheureux surviennent, il devient au yeux de tous la source du malheur ...

Je pense à tous les diables que j'ai connus au cours de ma longue existence. Je sais maintenant que les innocents ont une vie plutôt brève et que les méchants perdurent.

Tiffany McDaniel, L'été où tout a fondu, Gallmeister

Ce livre est un immense coup de cœur ... !

Le titre est intrigant et l'histoire paraît étrange. Qu'est-ce qui a fondu en 1984 ? Pourquoi ce procureur père de famille invite-t-il le diable ? Et qui est cet enfant sorti de nul part qui se présente mystérieusement à lui ?

Le puzzle se construit avec brio au fil des pages et nous comprenons peu à peu.

L'autrice déploie une fresque magistrale, aux personnages complexes et profonds, tous à leur manière pris dans la lutte entre le bien et le mal.

Bien des années après 1984, Fielding nous raconte ce qui l'a marqué à jamais. Grand, son grand-frère, m'a beaucoup touchée. Leur mère, aussi, qui n'est pas sortie de chez elle depuis 12 ans suite à un traumatisme et qui a reconstruit des petits bouts du monde dans chaque pièce de la maison.

L'écriture de Tiffany McDaniel est puissante : d'une simplicité apparente, elle se révèle percutante, précise, poétique.

Je n'ai pas pu lâcher ce livre. Je pressentais les drames, je sentais bien de quelle nature ils pouvaient être et ne voulais pas y croire.

Une lecture coup de poing qui m'a émue aux larmes et questionne sur le bien et le mal, l'innocence et le sentiment de culpabilité.

Est ce que ce livre vous fait envie ? Je n'ai toujours pas lu Betty qui attend dans ma pile à lire depuis un petit moment ; maintenant que j'ai découvert la plume de l'autrice, je pense lire ce roman avant la fin de l'année !

Je serai le garçon noir. Tu seras la fille blanche. Et le monde entier dira non. Mais nous, on dira oui, et la seule éternité qui comptera, ce sera nous.

Tiffany McDaniel, L'été où tout a fondu, Gallmeister

J'ai enlevé un des cadres et j'ai remplacé la photo du clocher par celle du garçon. Il m'a semblé que j'étais peut-être en train d'essayer de saisir une de ces mains tendues dont avait parlé Sal.

Tiffany McDaniel, L'été où tout a fondu, Gallmeister

En fin de compte, n'est-ce pas cela la folie ? La clarté pour celui qui voit à travers elle, l'aberration pour le monde qui en est témoin.

Tiffany McDaniel, L'été où tout a fondu, Gallmeister

C'était l'été où tout a fondu [...]
C'était la pluie qui avait donné ces flaques, mais en ce qui me concerne, eh bien, je me suis toujours dit que c'étaient les flaques de tout ce qui avait fondu. Les flaques de toutes les choses tangibles comme le chocolat et la crème glacée. Mais aussi les flaques de toutes ces choses qui avaient vécu en nous. La colère de ma grand-tante. La peur de Maman. Le foi de Papa. La vie de Grand.

Tiffany McDaniel, L'été où tout a fondu, Gallmeister