Maggie O'Farrell, I am, I am, I am, Dix-sept rencontres avec la mort, Belfond, 2019

Ce livre ... ! Comment en parler ? Même quelques jours après l'avoir refermé, je suis encore en vrac, alors ce sera une chronique un peu inhabituelle ... et très en vrac !

Je ne peux pas en faire un résumé, seulement une description : l'auteure raconte sa vie de femme en dix-sept épisodes bien précis : le récit de moments où elle a frôlé la mort, où son corps a souffert : maladies graves, fausses couches, accouchements, agressions ... Le dernier texte parle quant à lui d'un moment où elle a cru perdre sa fille.

Le problème n'était pas que je ne tenais pas à la vie, mais plutôt que j'étais animée par une soif insatiable de connaître tout ce qu'elle avait à offrir. Avoir frôlé la mort à l'âge de huit ans a imprimé en moi une image positive - peut-être à tort - de la mort.

Maggie O'Farrell, I am, I am, I am, Dix-sept rencontres avec la mort, Belfond

Choisir de raconter sa vie uniquement à travers les moments de souffrance et de mort imminente est, je trouve, un choix original, audacieux et courageux.

Le destin, la vie et la mort se donnent rendez-vous à chaque page ce qui donne un texte assez dramatique.

J'aurais pu lui dire : Je veux voir votre supérieur, je veux voir un responsable. Je le ferais, maintenant ; j'ai quarante-trois ans. Mais à l'époque ? Je ne me sentais pas en droit de demander.
J'aurais pu lui dire : Ecoutez-moi, cet homme ne m'a pas fait de mal, mais il en fera à quelqu'un d'autre. Je vous en supplie, retrouvez-le avant qu'il ne soit trop tard.
J'aurais pu lui dire que je possède le don pour sentir la violence.

Maggie O'Farrell, I am, I am, I am, Dix-sept rencontres avec la mort, Belfond

Les personnes qui nous enseignent quelque chose gardent une place particulièrement vive dans nos souvenirs. Je n'étais mère que depuis dix minutes lorsque j'ai rencontré cet homme, mais il m'a appris, par un simple geste, l'une des choses les plus importantes sur le rôle de parent : qu'il faut de la gentillesse, de l'intuition, du toucher, et que, parfois, il n'y a même pas besoin de mots.

Maggie O'Farrell, I am, I am, I am, Dix-sept rencontres avec la mort, Belfond

Je ne peux que vous faire part de mon ressenti. Ce livre m'a émue, il m'a fait mal, il m'a coupé le souffle et fait battre le cœur.

C'est très bien écrit, si bien que je me suis sentie comme à sa place à chaque instant.

Ce fut donc une lecture éprouvante, que j'ai coupée plusieurs fois. J'avais besoin d'air, au sens propre comme au figuré. Certains passages m'ont révoltée : une agression et surtout la césarienne qu'un médecin lui refuse et qu'il ne lui accorde qu'après trois jours de travail, d'épuisement et de souffrance ... !

Mais comme je vous conseille ce livre...! Je l'ai trouvé fort, percutant, beau.

Vous l'avez-lu ? Et sinon, des livres vous ont-ils marqués émotionnellement comme celui-ci ?

Je monte sur le point le plus élevé du champ où se trouvent plusieurs personnes, debout les bras en l'air, accrochées aux cordes de cerfs-volants colorés qui plongent et bifurquent dans le vent. Si l'on effaçait les cerfs-volants, ils auraient tous l'air de fous, de fanatiques, à lever ainsi le visage, les bras tendus, extatiques comme s'ils recevaient un appel des cieux.

Maggie O'Farrell, I am, I am, I am, Dix-sept rencontres avec la mort, Belfond

Voilà une chose que j'ai ressentie, dont j'ai eu l'instinct à dix-sept ans. Le flot de nouveautés intarissable, le stimulus que représente le territoire inexploré, tous ces éléments inconnus qui vous inondent, font crépiter vos synapses, relient, balisent, ouvrent de nouvelles voies.

Maggie O'Farrell, I am, I am, I am, Dix-sept rencontres avec la mort, Belfond

Comment vit-on avec un enfant atteint d'une maladie potentiellement mortelle, avec une personne que l'on aime, mais qui, à tout moment, peut vous être enlevée ? Je me pose souvent cette question.

Maggie O'Farrell, I am, I am, I am, Dix-sept rencontres avec la mort, Belfond