Paolo Cognetti, Le garçon sauvage, 10/18, édition collector, 2018

Alors que Paolo Cognetti étouffe dans sa vie citadine à Milan et n'arrive plus à écrire, il part s'installer pour plusieurs mois dans un petit refuge de pierre sur les hauteurs du Val d'Aoste.

Seul au milieu de la montagne où il a passé ses plus beaux étés d'enfant, il se confronte à la solitude, à la sobriété, à la rudesse de la vie.

Il marche, il cuisine, il coupe du bois. Il fait quelques rencontres. Il écrit, aussi, et s'attache à retransmettre ses pensées, ses impressions et ses émotions.

Cette parenthèse le réconcilie avec l'existence.

Comme j'arrivais de la ville, j'avais l'impression d'entrer dans une autre époque.

Paolo Cognetti, Le garçon sauvage, 10/18

J'avais tant de moi dans les jambes qu'il m'arrivait parfois le soir de devoir sortir et m'en aller dans les bois pour me retrouver un peu seul.

Paolo Cognetti, Le garçon sauvage, 10/18

Après avoir découvert cet auteur avec son fabuleux roman Les huit montagnes, j'avais envie de renouer avec son écriture et d'en savoir plus sur l'homme derrière la plume.

Ce livre était parfait pour ça car il est très personnel.

À nouveau, cet auteur a su me captiver avec des petites choses, des gestes que j'ai pu reconnaître, ceux de mon arrière grand-mère italienne et de mes grands oncles et tantes du Piémont rural.

Il a su me toucher par la pureté de son écriture, un style simple, beau et sans lyrisme qui magnifie pourtant le ruisseau, le caillou autant que le sommet.

J'avais l'impression de marcher dans ses pas et, surtout, j'avais une folle envie d'être là-haut. Vivement l'été prochain ... !

Enfin, j'ai beaucoup apprécié les traits d'humour et l'autodérision de Paolo Cognetti aperçus de temps en temps au fil des pages.

Si vous aimez la montagne, les Alpes ou l'Italie, vous trouverez forcément quelque chose qui vous touchera dans ce livre.

Amateurs de nature writing, de Thoreau et autres ermites, je vous invite bien sûr aussi à découvrir ce texte parsemé de références littéraires.

Comme ermite je ne valais pas un clou : j'étais monté là-haut pour rester seul et n'arrêtais pas de me chercher des amis. A moins que ce ne fût justement la solitude qui rendît chaque rencontre aussi précieuse.

Paolo Cognetti, Le garçon sauvage, 10/18

Un homme comme lui, qui avait construit son existence dans la marge et y vivait en paix, était à mon sens bien plus subversif pour notre époque que je ne pouvais me l'imaginer, mais je ne savais pas comment le lui dire.

Paolo Cognetti, Le garçon sauvage, 10/18

C'est une entente spéciale que celle qui se créé dans une ascension en double : à la longue, c'est comme si tu partageais avec ton compagnon de cordée non seulement une corde et une trace dans la neige, mais aussi une respiration, des pensées, un battement de cœur.

Paolo Cognetti, Le garçon sauvage, 10/18

Les sauvages avaient disparu. La faute à tous ces gens qui commençaient à battre les sentiers, les contraignant à se retrancher dans des zones toujours plus inaccessibles.

Paolo Cognetti, Le garçon sauvage, 10/18

A deux mille mètres, il n'y a que quatre arbres, que je révérais comme on révère une congrégation de saints protecteurs. Ils poussent à la frontière supérieure du monde, arboricole, ce sont les derniers à résister au gel, et moi aussi j'avais l'impression d'avoir exploré des limites - les miennes - en allant voir jusqu'où je pouvais aller dans le dénuement, jusqu'où je pouvais supporter la solitude.

Paolo Cognetti, Le garçon sauvage, 10/18