Marlen Haushofer, Le mur invisible, Actes Sud, 1992

Une femme d'une quarantaine d'années, partie pour quelques jours dans un chalet de chasse au milieu de la forêt, se retrouve complètement isolée.

Durant la nuit, un mur invisible s'est dressé, personne ne semble avoir survécu de l'autre côté. Très vite, elle comprend qu'elle va devoir survivre par ses propres moyens.

Elle rationne le peu qu'elle a : les vivres, les allumettes, la graisse pour la lampe à pétrole. Elle vit une vie de labeur quotidien : il faut pêcher, chasser, planter, cueillir, couper du bois etc. Pour elle, et pour un chien, une vache, des chats coincés au même endroit et dont elle prend soin.

Elle passe par des moments d'angoisse et d'apaisement, des moments d'épuisement, de découragement et de crise existentiel : continuer a-t-il un sens ?

Au bout de deux ans, elle commence à écrire son récit ...

Ici dans la forêt, je me trouve enfin à la place qui me convient.

Marlen Haushofer, Le mur invisible, Actes Sud

J'ai aimé cette lecture mais je dois avouer que je suis un peu déçue car je m'attendais à adorer ...

C'est un livre étrange car il donne une sensation de vide (il n'y a pas de réelle intrigue) et en même c'est un livre très dense sur l'isolement, la solitude, la survie, le dépassement de soi, la liberté et la résignation.

C'est aussi, je crois, un livre sur l'écriture, la volonté de laisser une trace, un témoignage. Cet aspect là m'a beaucoup intéressé !

L'héroïne n'est pas particulièrement sympathique au lecteur. On l'admire car elle fait preuve de courage, de ténacité et de résignation. Peu à peu, elle comprend qu'elle doit se libérer du passé pour continuer à vivre. Et en même temps, elle paraît trop humble, trop critique envers elle-même. J'aurais aimé qu'elle soit fière d'elle parfois.

C'est un roman assez moderne, je trouve, pour l'époque (paru pour la première fois dans les années 60'). Ce que j'a trouvé original c'est que le personnage principal n'essaye pas indéfiniment de comprendre l'arrivée de ce mur : elle accepte rapidement et essaye de survivre.

Sa relation avec les animaux est un point essentiel du roman : ils sont à la fois une source d'inquiétude et de travail supplémentaire et une source de joie et de réconfort. Par ailleurs, ils l'aident à ne pas baisser les bras car elle sait qu'elle ne peut pas les abandonner.

Si l'écriture est claire et limpide, j'ai tout de même trouvé que c'était une une lecture exigeante ... !

Ce n'est pas un coup de cœur, mais je vous conseille ce livre si vous aimez les romans d'atmosphère et si avez envie d'une histoire méditative, onirique, en pleine nature.

Mais, malgré mon économie, au bout de huit semaines je ne possédais déjà plus un seul morceau de sucre et je dus dès lors renoncer à toute douceur.

Marlen Haushofer, Le mur invisible, Actes Sud

Je n'ai jamais eu peur la nuit dans la forêt alors qu'en ville je ne me suis jamais sentie tranquille. Pourquoi en est-il ainsi, je l'ignore, sans doute parce que dans la forêt je n'avais pas peur de rencontrer des hommes.

Marlen Haushofer, Le mur invisible, Actes Sud

Tout le poids oppressant de ces derniers jours se détacha de moi et je me sentis légère et libérée. Si j'ai un jour ressenti la paix, c'est cette nuit de juin sur la clairière au clair de lune.

Marlen Haushofer, Le mur invisible, Actes Sud

Si à présent j'avais envie d'avoir quelqu'un auprès de moi, j'aimerais que ce soit une femme âgée, intelligente et spirituelle avec qui je pourrais parfois rire. Car le rire me manque toujours autant.

Marlen Haushofer, Le mur invisible, Actes Sud

Depuis quelques jours, il m'est apparu clairement que j'espère que quelqu'un lira ce récit. Je ne sais pas pourquoi je le souhaite, ça ne fera en effet aucune différence. Mais mon cœur bat plus vite quand je me représente que des yeux humains se poseront sur ces lignes et que des mains humaines tourneront ces pages.

Marlen Haushofer, Le mur invisible, Actes Sud