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Blog Littéraire

Tralilou Lit

Christina Dalcher, Vox, Nil, 2019, traduction de Michael Belano

Christina Dalcher, Vox, Nil, 2019, traduction de Michael Belano

En Amérique, de nos jours ou dans quelques années à peine.

Le nouveau gouvernement en place, constitué d'un groupe de fondamentalistes s'autoproclamant les "purs", a peu à peu intégré la religion à tous les niveaux de la société, des programmes scolaires aux programmes télévisés.

Parce que l'homme serait soumis au Christ et la femme à l'homme, ce mouvement au pouvoir a  remis en cause les droits des femmes, afin de mieux servir Dieu et la Nation.

Il a interdit aux femmes de travailler, voyager, mais aussi lire, écrire et surtout parler plus de 100 mots par jour. Chacune a au poignet un bracelet compte-mots qui vibre à chaque parole prononcée. Arrivé à 100 : des décharges électriques, qui s'intensifient de plus en plus.

D'autres "minorités" sont elles-aussi touchées par de nouvelles lois abjectes.

Nous suivons plus particulièrement l'histoire de Jean, ancienne docteure en neuroscience. Mariée à Patrick et mère de 4 enfants, dont une petite fille, Sonia.

Un jour, on lui demande de reprendre le travail afin de développer un sérum : pour soigner le frère du Président qui vient de faire une attaque. Elle n'en a aucune envie. Mais la pression est forte et elle sent la menace peser sur elle et sa famille. C'est aussi la récompense qui la fera accepter, sans qu'elle ait conscience qu'une partie de son travail pourrait lui échapper ... 

La seule chose qui permet au mal de triompher est l'inaction des hommes de bien.

Christina Dalcher, Vox, Nil, 2019

Ce livre est un coup de cœur. 

C'est un roman glaçant. Le gouvernement s'en prend aux femmes, aux homosexuels et à toutes les personnes considérées "hors cadre". Chacun vit dans la terreur, sous la menace et dans la crainte de la dénonciation. L'histoire fait malheureusement écho aux horreurs du passé et, dans une moindre mesure mais tout de même, à celles du présent.

L'intrigue est prenante, riche en rebondissement ; le rythme soutenu. J'ai lu ce livre en deux jours, je ne pouvais plus m'arrêter. C'est un véritable page-turner qui nous fait passer par toutes les émotions. J'étais révoltée à chaque page, inquiète pour l'héroïne et pour toutes les femmes autour d'elle, soulagée à de rares moments.

J'ai trouvé très intéressants la réflexion de Jean et son sentiment de culpabilité, concernant la période précédant l'arrivée au pouvoir de ce mouvement. Elle se rappelle l'insistance de son amie pour protester, manifester, signer des pétitions et sa propre inaction, par manque de temps et de prise de conscience de la gravité de la situation. Elle était "dans sa bulle". Je n'ai pu m'empêcher de me demander ce que j'aurais fait à sa place pour empêcher cette arrivée au pouvoir et ce que j'aurais fait ensuite pour lutter et résister.

J'ai trouvé très bien rendue la facilité avec laquelle, malheureusement, le fils aîné de Jean se fait manipuler par la propagande diffusée à l'école, sous les yeux horrifiés de sa mère. Cet aspect m'a rappelé le très beau roman La coquetière de Linda D. Cirino qui se déroule en Allemagne durant la Seconde Guerre Mondiale.

Avec ce roman, l'auteure nous invite à rester vigilants aux droits de chacun et chacune et lutter pour ceux-ci. C'est, pour moi, une lecture résolument féministe et humaniste.

Tu ne peux pas t'opposer à ce que tu ne vois pas venir.

Christina Dalcher, Vox, Nil, 2019

- Gagné récompense !
Qu'elle a dit.
- Minimum !
Je sais de quoi son école est capable. Je le sais parce que le compte-mots sur son poignet indique le chiffre 3.
Ma fille n'a pas dit un mot de la journée.

Christina Dalcher, Vox, Nil, 2019

La fatigue et l'anxiété me cognent comme des sacs de briques, un de chaque côté, et je retourne dans le couloir pour retrouver Patrick dans la cuisine.
Toujours en train de siffloter.

Christina Dalcher, Vox, Nil, 2019

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