Margaret Atwood, Les testaments, Robert Laffont, 2019

15 ans après la fuite de Defred, la République de Galaad est toujours en place.

Les destins de trois femmes convergent en un lieu, Ardua Hall.

Tante Lydia, l'une des grandes fondatrices recrutée par le Régime théocratique à sa mise en place.

Agnès, 14 ans, fille d'un Commandant et d'une Épouse, bientôt destinée au mariage.

Daisy, 15 ans, vivant au Canada, pays frontalier de Galaad où tentent de fuir les femmes et où se rendent régulièrement les Perles missionnaires venues recruter des converties.

Ma vie aurait pu être très différente. Si seulement j'avais regardé autour de moi, cherché à avoir une vision globale. Si seulement j'avais bouclé mes bagages en temps et en heure, comme certaines, et quitté le pays - ce pays que sottement je croyais encore être celui qui avait été le mien pendant si longtemps.
De tels regrets ne servent à rien. J'ai fait des choix et, après, j'en ai eu moins. Deux routes divergeaient dans un bois jaunissant, et j'ai pris la plus fréquentée. Elle était jonchée de cadavres, comme le sont de telles routes. Mais, tu l'auras remarqué, le mien n'y est pas encore.

Margaret Atwood, Les testaments, Robert Laffont

Pour ceux qui ne le savent pas, Les Testaments constituent la suite de La servante écarlate ... J'en attendais beaucoup et j'ai adoré. C'est un énorme coup de cœur !

Nous nous situons donc 15 ans après la fin du premier tome et c'est un roman choral. Tante Lydia livre son histoire et ses pensées dans un testament olographe qu'elle cache aux yeux de tous. Agnès grandit sous nos yeux et tente d'échapper au mariage arrangé en devenant tante comme son amie Becka. A la mort de ses parents, Daisy apprend son passé trouble et l'existence du réseau de résistance Mayday qu'elle va aider en infiltrant Galaad.

Alerte spoiler : on ne tarde pas à comprendre que la mère de Daisy à réussi à lui faire passer la frontière quand elle était bébé pour la sauver. Celle-ci n'est autre que Bébé Nicole, un symbole important pour le régime de Galaad qui crie à l'enlèvement.

Mais ce n'est pas le seul rebondissement de cette histoire, loin de là ! Il y a beaucoup de révélations intéressantes que je vous laisserai découvrir.

Les trois femmes nous offrent des points de vue complémentaires qui nous permettent d'en savoir plus sur le fonctionnement interne de Galaad, la fuite des réfugiées et l'infiltration de Mayday !

J'ai particulièrement aimé le témoignage de Tante Lydia, personnage contrasté et polémique. Nous nous indignons (dans le premier tome et ici) de ce qu'elle est, de ce qu'elle représente, de ce pouvoir qu'elle exerce sur les autres femmes, de sa collaboration. Mais, d'une part, nous apprenons comment elle a été recrutée comme tante (après humiliation, mise à l'isolement et à la diète, exécutions sous ses yeux etc ...) et surtout nous découvrons son désir de vengeance et sa probable implication dans des actions contre le régime. Notre regard est alors plus nuancé.

L'auteure a réussi à répondre aux questions que l'on se posait en tant que lecteur et à clore l'histoire d'une manière magistrale.

Pour celles et ceux qui n'avaient pas accrocher avec l'écriture du premier tome, ici le style est plus moderne et le rythme moins lent. J'ai beaucoup apprécié ces changements, même si, il est vrai, l'atmosphère de La Servante écarlate est moins présente. Les phrases sont en tout cas toujours aussi fortes et percutantes. 

Renoncer était la nouvelle norme, et je dois dire que c'était contagieux.

Margaret Atwood, Les testaments, Robert Laffont

Ils nous réduisaient à l'état d'animaux - d'animaux cloîtrés -, à notre nature animale. Ils nous mettaient le nez dans cette nature. Nous devions nous considérer comme moins qu'humaines.

Margaret Atwood, Les testaments, Robert Laffont

Tout vient à point à celle qui sait attendre. Le temps passe et les œufs durent. La patience est mère de toutes les vertus. La vengeance m'appartient.

Margaret Atwood, Les testaments, Robert Laffont

L'histoire ne se répète pas, dit-on, il n'empêche qu'elle rime.

Margaret Atwood, Les testaments, Robert Laffont