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Blog Littéraire

Tralilou Lit

Marin Ledun, Ils ont voulu nous civiliser, Flammarion, 2017

Marin Ledun, Ils ont voulu nous civiliser, Flammarion, 2017

C'est l'histoire d'une traque et d'un huis clos au cœur de la tempête.

Thomas Ferrer, vit de petits trafics mais ce n'est pas un truand. Pourtant un soir, submergé par la rage, il craque et tabasse à mort Baxter, un homme qui lui devait de l'argent et refusait de le payer.

Mais celui-ci ne meurt pas sous les coups et part à sa recherche avec deux compères.

Pendant ce temps, Thomas trouve refuge dans la ferme isolée d'Alezan, un vieux paysan aigri au passé sombre. Les deux hommes se menacent l'un et l'autre et, très vite, on ne sait plus qui est le plus dangereux des deux ...

Chez lui.
Un bien grand mot pour cette chambre équipée d’un coin cuisine et d’une salle de bains qu’il louait dans le sous-sol d’une villa occupée seulement à la belle saison. L’endroit était chaud en été, glacial en hiver, humide toute l’année. Ferrer s’en foutait. Il ne s’était jamais projeté dans ce gourbi. Il rêvait d’une baraque à retaper, de l’autre côté de Begaarts, en pleine forêt. Il attendait son heure.

Marin Ledun, Ils ont voulu nous civiliser, Flammarion, 2017

C'est un très beau livre !

Je ne suis pas accoutumée à lire des romans noirs, des polars ou des policiers mais je dois dire que celui-ci m'a beaucoup plu.

C'est l'histoire d'une traque et d'un huis clos.

Ce roman choral nous fait découvrir des personnages qui ne sont ni tout noirs ni tout blancs. Il n'y a pas de gentils, pas de méchants. Juste des hommes en colère, désespérés, vengeurs, dont les désirs sont irréalisés ou irréalisables. Il y a bien sûr aussi de la sensibilité et de la fragilité en eux. Ils ont chacun leur histoire, et l'auteur prend le temps de nous la raconter.

J'ai trouvé intéressant d'entrecouper la trame principale avec le récit de vie du paysan : il nous raconte son passé, la guerre d'Algérie et son amour perdu. Nous comprenons mieux, alors, celui qu'il est aujourd'hui.

L'ambiance est sombre et la tension monte au fil des pages.

J'ai beaucoup aimé la plume de l'auteur, que j'ai trouvée rythmée et subtile. J'ai très envie de découvrir le reste de son Oeuvre.

De la peur à la haine, il n’y avait qu’un pas

Marin Ledun, Ils ont voulu nous civiliser, Flammarion, 2017

Alezan travailla contre.
Contre la main-d’œuvre espagnole et portugaise qui afflua pendant les Trente Glorieuses et menaçait les ouvriers français.
Contre les rouges qui faisaient leur petite révolution.
Contre le péril jaune, depuis l’autre bout de la Terre.
Contre les gitans.
Contre les hordes d’Algériens, puis de Tunisiens et de Marocains, employées à moindre coût par les sociétés de débardage, contre ceux qui furent embauchés dans sa propre équipe et dont l’arrivée coïncida avec l’invention du chômage.
Contre les chômeurs eux-mêmes qui menaçaient les travailleurs comme lui, contre les patrons qui licenciaient, jetant davantage d’assistés dans l’arène, menaçant davantage les travailleurs comme lui.

Marin Ledun, Ils ont voulu nous civiliser, Flammarion, 2017

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