Blog Littéraire
27 Mars 2021
Un logement digne de ce nom ne devrait pas représenter un but, une finalité, mais un point de départ – vers des destinations inconnues et imprévisibles. Car il n’est pas seulement un abri : il est aussi un tremplin.
Mona Chollet est une autrice qui me fascine par sa culture, sa clairvoyance et son intelligence.
J'ai été conquise par Sorcières - la puissance invaincue des femmes et Beauté fatale, les nouveaux visages d'une aliénation féminine ! Alors forcément j'ai eu envie de lire cet essai.
C'était juste passionnant ! Elle évoque tant de choses qu'il est difficile pour moi de rendre compte de la richesse de ses questionnements et réflexions ici.
Je dirais donc simplement que, pour moi, c'est un essai qui rappelle l'importance et le droit qu'on devrait tous avoir :
Les trois derniers chapitres sont un peu à part. Ils évoquent la question des tâches domestiques (poids, répartition, délégation), celle de la famille et du fantasme de la maison idéale.
Tous les thèmes m'ont interpellée. J'ai trouvé cet essai hyper intéressant, bien argumenté, bien documenté (comme toujours avec cette autrice) alors je vous le recommande !
Aimer rester chez soi, c'est se singulariser, faire défection. C'est s'affranchir du regard et du contrôle social. Cette dérobade continue de susciter, y compris chez des gens plutôt ouverts d'esprit, une inquiétude obscure, une contrariété instinctive. Prendre plaisir à se calfeutrer pour plonger son nez dans un livre expose à une réprobation particulière. "Tout lecteur, passé et présent, a entendu un jour l'injonction : "Arrête de lire ! Sors, vis !"",constate Alberto Manguel.
Que l’on considère le temps comme une chose inerte, ayant vocation à être « occupée », « remplie » ou « utilisée », contribue à expliquer l’incompréhension à laquelle se heurtent les casaniers. Leur entourage présume qu’ils ne peuvent que s’ennuyer mortellement, alors que, en s’extrayant de la course folle du monde, ils font l’expérience de la nature et de la texture vivantes du temps. Ils sont parmi les derniers (avec les enfants, probablement) à s’y lover en toute confiance. Ils voient en lui un tapis volant accueillant, doté du pouvoir de les transporter vers des destinations imprévisibles à travers une variété infinie de paysages. Ils savent qu’il n’est pas uniforme, mais qu’il se compose d’une succession d’instants singuliers.
J’aime assez l’image à laquelle recourt l’architecte américain Christopher Alexander : si une personne ne dispose pas d’un territoire propre, attendre d’elle qu’elle apporte une contribution à la vie collective revient à « attendre d’un homme qui se noie qu’il en sauve un autre »