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Blog Littéraire

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Jean-Luc Outers, Le voyage de Luca, Actes Sud, 2013

Jean-Luc Outers, Le voyage de Luca, Actes Sud, 2013

A sa naissance, Luca a vadrouillé. Ses parents ne souhaitaient pas rester en Belgique et l'ont embarqué en camping-car sur les routes de l'Amérique durant plusieurs mois. 15 ans plus tard, c'est un adolescent déprimé, "hanté par le souvenir d'une vie nomade".

Dans le cabinet d'une thérapeute familiale, son père raconte sa naissance, sa prime enfance et le voyage.

Il nous restait un long chemin à faire, quelques milliers de kilomètres à parcourir, et ce, au rythme des nomades, notre voiture étant à peine plus rapide qu'un chameau. Au fil du temps, celle-ci était devenue pour nous aussi familière qu'une personne. Elle répondait à ce qu'on attend d'une maman. Nous voyagions dans son ventre.

Jean-Luc Outers, Le voyage de Luca, Actes Sud, 2013

C'est une déception ... Je n'ai pas accroché avec ce livre et j'ai lutté pour le terminer.

En 4e de couverture, l'éditeur nous promet l'histoire d'un adolescent en mal de vivre, "hanté par le souvenir d'une vie nomade" et qui a grandi "avec l'idée que vivre, c'est déménager chaque matin". Alors oui, je m'attendais à voyager, mais à travers les souvenirs de Luca, et surtout je m'attendais à le trouver adolescent et à ce qu'il soit le narrateur.

En fait, l'histoire n'est pas centrée sur Luca mais sur ses parents et plus particulièrement son père : l'annonce de sa femme enceinte (il le vit mal), l'accouchement (il le vit mal), l'allergie du bébé au lait animal (là, il se débrouille un peu mieux et trouve du lait de soja), la décision de partir aux Etats Unis pour quelques mois (qui m'ont paru une éternité ...).

J'ai eu du mal avec ce personnage qui ne sait pas réagir, qui se pose beaucoup de questions sans jamais évoluer vraiment, qui donne l'impression de vivre en dehors de sa vie, qui oublie l'anniversaire de son fils (mais ce n'est pas grave car apparemment il oublie aussi celui de sa femme une fois sur deux ...).

Ce récit est un flash-back raconté dans le cabinet de la thérapeute familiale ... Pourquoi pas, mais nous n'avons des nouvelles de Luca adolescent qu'à la page 206 ! Et l'on comprend seulement alors ce qui préoccupe les parents : il est cloîtré dans sa chambre, forteresse de solitude, et en dépression.

J'ai essayé de me faire à l'idée que ce livre n'était pas ce à quoi je m'attendais mais je n'y suis pas arrivée.

En plus, malgré le voyage aux Etats Unis, Mexique et Canada et les nombreux kilomètres parcourus, l'ensemble ne formait pas tout à fait un road-trip ; il en manquait l'ambiance.

Au-delà de l'histoire, je dois avouer que j'ai eu du mal avec le style de l'auteur ... Pour moi, ce n'était pas assez fluide, parfois même pesant : il y avait des aspects répétitifs, trop de questions rhétoriques, de phrases commençant par "c'est que", de participe présent et de subjonctif. Par ailleurs, certains passages m'ont paru surréalistes tant l'empathie des personnages manquait ! Par exemple, lors de la deuxième grossesse de la maman de Luca (Julie), alors qu'elle a beaucoup saigné et que le gynéco annonce un risque de fausse couche, une discussion s'amorce sur le tourisme à Bruxelles (dont ils sont originaires certes, mais ce n'est pas tout à fait le moment) ...

Bref, c'est assez rare, mais je suis vraiment déçue ... !

Peut-être que ce livre n'était pas fait pour moi ... J'ai tout de même noté quelques citations que j'ai trouvées jolies ou intéressantes et que je vous laisse découvrir.

Quelle importance, la fin, puisque les histoires ne finissent jamais.

Jean-Luc Outers, Le voyage de Luca, Actes Sud, 2013

J'eus une pensée émue pour tous ceux qui, comme nous, se levaient à cet instant même, écoliers, ouvriers, employés, fonctionnaires, se pressant d'achever leur toilette ou d'avaler un café brûlant à la lueur blafarde d'ampoules ou de néons, avant de se précipiter dans un train, un tramway ou un autobus pour rejoindre sous la pluie un école, un chantier, un bureau. Comme la nôtre, leur journée commençait.

Jean-Luc Outers, Le voyage de Luca, Actes Sud, 2013

Le contact des hommes lui manquait, créant comme un grand vide autour d'elle. Elle avait le sentiment étrange d'être coupée du monde. Les déserts que nous avions traversés sous une chaleur torride nous avaient isolés du reste de l'humanité. Elle craignait même que Luca ne garde des séquelles de ce nomadisme où, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il vivait collé à son père et à sa mère, de jour comme de nuit.

Jean-Luc Outers, Le voyage de Luca, Actes Sud, 2013

On n'est pas trop de deux pour faire la traversée de la nuit.

Jean-Luc Outers, Le voyage de Luca, Actes Sud, 2013

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