Sylvie Deshors, Mes nuits à la caravane, Rouergue, 2018

Lucile décide de s'installer dans la caravane au fond de son jardin, l'ancien refuge de sa mère, l'endroit où elle rêvait et peignait. Depuis la mort de sa mère il y a 4 ans, son père abattu s'est mis à boire. Elle l'a aidé autant qu'elle a pu, mais maintenant, elle a besoin de prendre soin d'elle, un peu à l'écart. 

Mais comme elle le dit, elle n'est pas si "sauvageonne" que ça. Très vite, ses copains et les jeunes du coin se retrouvent à la caravane pour tuer le temps, , faire un potager et de la musique avec elle.

En parallèle, Lucile tente de percer certains mystères et secrets autours de sa mère ...

On peut bien me traiter de sauvageonne depuis l'école primaire, j'aime les rencontres. Les gens, les fleurs, les bestioles, les musiciens, tout est rencontre. A travers les morceaux que j'écoute en boucle, des phrases lues, les voix des autres qui m'émeuvent, me bouleversent, me bousculent, influencent mon existence. J'ai 16 ans, c'est normal, non ?

Sylvie Deshors, Mes nuits à la caravane, Rouergue, 2018

J'ai beaucoup aimé ce roman ... !

Ce livre raconte l'histoire d'une jeune fille qui reprend goût à la vie et brosse le portrait d'une bande d'ados qui luttent contre l'ennui et s'amusent dans un coin un peu perdu du Limousin, Bellac. C'est aussi l'histoire d'un père qui prend conscience de la gravité de son état, se réveille et se relève peu à peu.

Lucile est un personnage très attachant. Elle s'exile (pas très loin mais suffisamment) ; elle ne s'isole pas pour autant. Elle est proche de ses amis Ben, Léna et Djoul et aime les rencontres. Elle aime aussi beaucoup la nature, source d'apaisement. A la caravane, elle se souvient de sa mère autant qu'elle réfléchit à son avenir. Mais pour avancer, elle a besoin de comprendre enfin ce qu'il s'est vraiment passé.

L'écriture est simple mais belle et poétique. Elle est parfois brute, "sauvage" en quelque sorte et nous rappelle nos émotions adolescentes.

J'ai un gros coup de cœur pour la couverture, douce et poétique, à l'image de l'atmosphère du roman dans lequel je vous invite à vous plonger !

Un rai de soleil transperce les voilages jaunes des deux fenêtres ovales. L'intérieur de la petite caravane prend la couleur du miel. Les tasses et la cafetière suspendues à une étagère minuscule sont écarlates, ornées de pivoines roses. L'espace est étroit mais il s'en dégage une chaleur, une gaieté que je redécouvre avec émerveillement. J'écarte les rideaux, bascule les vitres, rassemble les coussins de la banquette, recouverts d'un tissu vif et fleuri, que je vais secouer à l'extérieur. Une idée improbable, un peu folle, fait son chemin : et si je m'installais ici, quelques temps ?

Sylvie Deshors, Mes nuits à la caravane, Rouergue, 2018