Brigitte Giraud, Jour de courage, Flammarion, 2019

Livio, 17 ans, s'est porté volontaire pour un exposé sur les autodafés nazis.

Il a choisi de parler de Magnus Hirschfeld, un médecin juif allemand, fondateur d'un institut sur la sexualité qui lutta, entre autres, pour les droits des homosexuels. Un homme, une oeuvre & des idées qui dérangent.

Dans les années 1930, son institut est saccagé et la collection de livres & magazines spécialisés brûlée par le pouvoir en place.

[...] il avait fini par croiser la route de Magnus Hirschfeld, qui était devenu comme un compagnon [...]

Brigitte Giraud, Jour de courage, Flammarion

Ce livre faisait partie de ma sélection de la rentrée littéraire 2019 et je voulais absolument le lire avant septembre de cette année ! C'est un roman très particulier qui réussit à allier l'Histoire avec un grand H et la vie d'un ado d'aujourd'hui, en abordant l'homosexualité sous un angle inédit.

Le lien établi entre ce Magnus Hirschfeld (personnage historique réel) et Livio (être de fiction) est loin d'être artificiel à mon goût. Livio s'identifie et se reconnaît en lui, même s'il trouve qu'il a moins de courage que celui-ci.

Pendant son exposé, il est porté par ce qu'il a découvert de cet homme tombé dans l'oubli. Il veut transmettre quelque chose de fort à ses camarades, il va bien au au-delà du simple exercice scolaire. Quelque part, en s'investissant autant, il se met à nu, il fait presque son coming out, là devant la classe, devant sa prof, devant sa copine.

Car oui, Livio a une copine. Et j'ai aimé découvrir le point de vue de Camille qui comprend peu à peu se qui se cache derrière cet exposé et l'angle choisi pour le traiter. Camille qui est amoureuse, qui cherche son regard pendant tout l'exposé, qui aurait voulu savoir avant et qui en même temps voudrait fermer les yeux.

Je trouve ce roman très bien construit et très bien écrit. Il évoque des choses grave avec beaucoup de simplicité et de justesse. Je n'en dis pas plus mais vous le conseille chaudement.

Quelque chose l'intriguait, de ce feu qui brûlait les livres. On sentait comme tout en lui était inquiétude, même s'il se donnait à voir comme un élève étonnamment discret. Seule Camille savait ce qu'il y avait sous la surface, l'incandescence qui le consumait, même si elle était loin d'avoir tout deviné.

Brigitte Giraud, Jour de courage, Flammarion

"Là où l'on brûle des livres, on finit par brûler des hommes" [Heinrich Heine]

Brigitte Giraud, Jour de courage, Flammarion

Il ne changerait pas, il devait l'accepter. C'était cette étape qui'il avait longtemps différée.

Brigitte Giraud, Jour de courage, Flammarion