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Blog Littéraire

Tralilou Lit

Victor Jestin, La chaleur, Flammarion, 2019

Victor Jestin, La chaleur, Flammarion, 2019

Dernière soirée de vacances au camping. Léo s'est éloigné du bruit de la fête. Il tombe sur Oscar, un jeune de 17 ans, comme lui, une corde autour du cou ... Il ne réagit pas ; il le regarde mourir. Puis, pris de panique, il enterre le corps dans le sable.

Le lendemain, le temps passe lentement sous une chaleur accablante. Il espère partir vite mais ses parents, son frère et sa sœur profitent des vacances et décident de rester une nuit supplémentaire.

Léo est au supplice. Il se sent tour à tour seul, coupable, angoissé, soulagé, triste.

Mais cette dernière journée et cette dernière nuit sont aussi l'occasion de transformer le désir en plaisir. Peut-être avec Luce. Peut-être avec Zoé. Ou peut-être pas.

Deux semaines que j'attendais qu'elles se terminent, leurs vacances : je ne pouvais pas en plus les leurs gâcher avec Oscar, le corps d'Oscar enterré pendant les jours heureux. Alors je me suis tu.

Victor Jestin, La chaleur, Flammarion

Je trouve que c'est un très bon premier roman ... !

C'est un livre estival sombre sur l'adolescence ! Pulsion de vie, de sexe et de mort à chaque page. Eros et Thanatos à la plage ... Haha.

Plus sérieusement, l'histoire est intéressante mais j'aime surtout la manière dont elle est traitée. C'est un huis clos sur deux jours dans un camping baigné de soleil, dans une chaleur étouffante. Léo n'a qu'une peur : qu'on découvre son geste.

Le protagoniste est un personnage bien particulier. Solitaire, désanchanté. Il n'a pas envie de faire semblant, pas envie de jouer. Ce camping dans les Landes et ces gens qui font semblant d'être heureux le déçoivent, voire le dégoûtent. Et son geste le torture.

Ses parents sont gentils mais un peu à l'ouest. Ils le trouvent solitaire et le titillent pour qu'ils profitent des vacances, de la vie, des rencontres. Léo, lui, veut qu'on le laisse tranquille. Peut-être que ce sera l'été de sa première fois, mais peut-être pas.

 La fin est un peu précipitée à mon goût mais m'a plutôt satisfaite. Pour ceux qui l'ont déjà lu (et sans spoiler ceux qui ne l'ont pas lu), la sonnerie de téléphone qui interrompt la dernière conversation est un artifice qui m'a semblé un peu inutile ... Mais sinon, je trouve que l'écriture à la première personne, simple et brute, est efficace !

On ne dormait jamais beaucoup, ici. On se couchait tard, puis on se levait aux premières lueurs pour partir avec les autres, en rangs bien serrés vers la joie.

Victor Jestin, La chaleur, Flammarion

Je laissais venir leurs tristesses contre la mienne.

Victor Jestin, La chaleur, Flammarion

[...] tous fondus parmi les parents et les enfants pour ne pas souffrir, tous ici joyeux et pourtant tous perdants, baisés, laissés sur le bas-côté de nos adolescences.

Victor Jestin, La chaleur, Flammarion

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